lundi 14 décembre 2009
Quand l'autisme fait rage
mardi 24 novembre 2009
Vivre heureux dans la déficience ou malheureux dans la conscience ?
Je lui tends les bras. Retour à la case départ. Dodo, l’enfant do, l’enfant dormira bien vite. Dodo, l’enfant do, l’enfant dormira bientôt. Je la revois, quelques minutes après sa naissance. Calme, endormie, le visage d’un ange est enfoui, enveloppé dans un amour inconditionnel que je découvre à peine. Dort, mon amour. Je ne veux pas que tu souffres. Je voudrais tant que personne ne se moque de ta démarche un peu gauche, de ta maladresse, de tes cheveux en bataille que tu n’aimes pas coiffer, de ta passion sans faille pour les insectes, les araignées, de tes difficultés scolaires déjà bien ancrées. Je ne veux pas te voir souffrir, parce que l’humain peut savoir être si méchant. Tu ne comprendrais pas, toi si douce, attentionnée et dévouée. Comment alors expliquer la différence à un enfant lorsque cela le concerne et qu’il le ressent ? Chut ! Je ne veux plus y penser. Je veux pouvoir oublier l’espace d’un court moment. J’entends les rires de la télé. La jeune fille est toujours là, intègre, authentique, si vulnérable à la fois. Je reviens à la réalité, à cette téléréalité qui est aussi mienne. Je souris à la vie, à l’écran, mais je ne peux empêcher mes larmes de couler comme un torrent.
mercredi 4 novembre 2009
À quand mon tour ?
vendredi 30 octobre 2009
Je m'avoue vaincue
Nous voulons simplement que notre enfant puisse s’intégrer à la société de demain quand nous n’y serons plus. Toutefois, comme Joseph K., je m’avoue vaincue, cette fois. Le procès de l’absurdité est terminé pour moi.
samedi 10 octobre 2009
Supplément pour enfant handicapé
Pour plus renseignements, consulter le site : http://www.rrq.gouv.qc.ca/SiteCollectionDocuments/www.rrq.gouv.qc/Francais/publications/soutien_aux_enfants/SEH-Brochure2008F.pdf
lundi 21 septembre 2009
Hommage aux familles d'enfants TED-autistes chez MIRA
Ainsi, depuis l’annonce du diagnostic de notre fille, soit il y a de cela bientôt quatre ans, jamais nous n’avons été aussi bien accueillis et écoutés, compris et respectés qu’à la Fondation MIRA. Le jour où j’ai appris, par le biais de Robert Viau, neuropsychologue aujourd’hui décédé, que je participais à cette étude, j’ai ressenti un grand soulagement. Vulnérable, je ne savais plus où aller, quoi faire pour venir en aide à notre enfant. Après une semaine logée, nourrie, à rire aux larmes avec d’autres mamans tout en apprenant à guider chacun de nos chiens soigneusement assignés par Simon Beauregard, notre entraîneur, je suis revenue à la maison après cette bénéfique thérapie de groupe, avec un Labernois de 28 kilos, en espérant fortement que les nuits de notre fille seraient un peu plus longues et que son quotidien lui semblerait moins difficile à affronter en présence de sa confidente.
Deux ans plus tard, alors que je me trouve de nouveau en compagnie des mamans qui ont fait partie de ma cohorte lors de la recherche, j’écoute le discours amusant et chaleureux de Noël Champagne, psychologue chargé du projet, les yeux embués de larmes que j’ai depuis longtemps cessé de tarir. Pleurer fait du bien, surtout quand on a enfin une épaule sur laquelle il nous est possible de poser notre tête, ne serait-ce que le temps de reprendre notre souffle dans cette course épuisante qu’est celle d’accompagner au quotidien un enfant différent. Comme le disaient bien des parents lors de ces retrouvailles, il revient plutôt à nous, parents d’enfants TED, de rendre hommage à la Fondation MIRA pour l’énergie consacrée à débroussailler une forêt dense dans laquelle nous nous étions égarés pour qu’un chemin soit tracé dans un parcours parsemé d’embûches de toutes sortes.
On dit de l’autisme et des troubles envahissants du développement qu’ils sont le mal du XXIe siècle et que les gouvernements doivent mettre en place des services adaptés de toute urgence pour pouvoir répondre à la demande croissante en intervention comportementale précoce (ICI). En attendant, ce sont les parents qui compensent pour les nombreuses listes d’attente en devenant les intervenants spécialisés de leur enfant sans avoir, dans bien des cas, aucune formation adéquate et je sais de quoi je parle. Que faut-il faire de plus, quelle preuve supplémentaire devons-nous amener pour qu’enfin nos cris de détresse soient entendus ? Est-ce normal que ma fille ait obtenu des services d’un Centre de réadaptation en déficience intellectuelle quatre ans après avoir fait une demande ? Que serait-elle aujourd’hui si je n’avais pas remué ciel et terre pour qu’elle apprenne, ne serait-ce, qu’à sourire, qu’à marcher sans tomber, qu’à pouvoir dormir la nuit ? À ce prix-là, et je parle de la santé physiologique et mentale de ma famille, j’aurais mieux fait de faire appel à des bourses d’études en vue de me spécialiser en intervention comportementale auprès des enfants autistes, mais la réalité est tout autre, malheureusement, car l’énergie me manque, trop souvent.
À bien y penser, finalement, c’est ce que je suis devenue naturellement, une éducatrice spécialisée, tout en travaillant à temps plein pour subvenir aux besoins criants de notre enfant et des deux autres qui n’ont rien demandé. Nul besoin de vous dire que la chaleur humaine apportée par MIRA m’a probablement empêchée de tomber un peu plus bas.
vendredi 18 septembre 2009
Quand le parent devient l'intervenant de son enfant
En 2002, juste avant de remettre mon mémoire de maîtrise à l’Université Queen’s de Kingston, il ne restait que quelques semaines avant l’arrivée de mon premier enfant à naître. Devant moi, une nouvelle vie se dessinait et je savais déjà que j’allais reprendre mes études peu après la naissance du bébé pour poursuivre mon doctorat à Montréal, mon projet de thèse ayant été accepté. Le parcours de mon existence ne pouvait être plus clair. Pourtant, à 27 ans, j’ai vite appris ce qu’était l’école de la vie et la désillusion qui y est associée : nous apprenions brutalement que notre fille aînée était atteinte d’une forme d’autisme atypique. C’est alors que toutes mes connaissances, mon savoir, accumulés pendant toutes ces années d’études passionnées, s’étalaient devant moi sans pouvoir m’être d’aucun secours. J’étais diplômée en littérature française et je devais venir en aide à un enfant ayant un trouble neurocomportemental permanent. La terminologie associée à l’autisme et aux troubles envahissants du développement me semblait s’apparenter à une autre langue, tellement je ne comprenais rien à tout ce charabia. On dit bien que le changement crée souvent une forme de résistance, car il demande à ce que l’on s’adapte à un nouvel environnement, à une nouvelle forme de pensée. En plus de devoir comprendre en quoi consistait le trouble de notre fille, je devais être son intervenante 24 heures sur 24, la nuit comme le jour, en raison des troubles d’insomnie liés à l’autisme. Je devenais responsable de diriger une équipe multidisciplinaire de spécialistes de toutes sortes puisque les enfants TED (atteints d’un trouble envahissant du développement) restent sur des listes d’attente trop longues avant que le système de santé puisse les prendre en charge, ce qui peut nuire grandement au processus les menant vers une certaine autonomie. De fait, le cerveau reste plastique, se façonne jusqu’à l’âge de 5 ans, ce qui nous donnait à peine 2 ans et demi pour stimuler notre enfant le plus possible avec l’aide d’intervenants issus du privé (ergothérapeute, psychologue, orthophoniste, physiothérapeute, éducateur spécialisé, nutritionniste, etc.) et de centres hospitaliers (pédopsychiatre, neuropédiatre, physiatre, pédiatre, pneumologue, othorinolaryngologiste, gastro-entérologue, etc.) en raison des troubles moteurs associés à l’atteinte neurologique de notre fille qui est hypotonique (sans tonus musculaire), en plus d’avoir une lésion cérébrale nommée « leucomalacie périventriculaire », celle-ci se situant dans la substance blanche périventriculaire du cerveau. Nous devions nous-mêmes faire face à une forme de deuil et affronter l'adversité sans comprendre tout à fait ce qui nous arrivait. L’acceptation ne se fait pas du jour au lendemain. Je devais veiller à ce que notre fille fasse tous ses exercices de stimulation en choisissant une méthode d’intervention comportementale intensive avec méfiance et prudence (de 20 heures à 40 heures par semaine), la mener à tous ses rendez-vous, gérer les moments de crises de panique, les cris et les hurlements, l’incompréhension de ses frère et sœur, le manque de sommeil qui nous brûlait, mais surtout la frustration liée au manque de services adaptés à cette clientèle si complexe. Je souffrais donc d’une grande solitude.
Pendant deux ans, j’ai mis ma carrière de côté et je ne regretterai jamais ce passage obligé de mon existence de parent-intervenant. J’ai tellement appris, rencontré des êtres formidables et dévoués, mais surtout compris que la polyvalence fait maintenant partie intégrante de ma carrière. Un jour, alors que j’étais à un degré de découragement assez élevé, mon père me dit simplement : « Catherine, toi qui aimes tant écrire, pourquoi n’écrirais-tu pas tout ça ? ». J’ai donc sorti l’arme du combattant, ma plume, et un témoignage a suivi, au fil du temps. Grâce à l’écriture et à ma formation, j’ai pu parvenir à un équilibre entre la passion et la raison, en vivant l’autisme de notre fille, un jour à la fois.
jeudi 17 septembre 2009
Un coup de klaxon de trop
jeudi 10 septembre 2009
L'Histoire est notre meilleur professeur
Le texte d’André Pratte « Le vrai manifeste du FLQ » a fait resurgir en moi une multitude de sentiments et de souvenirs. Non, pas le genre de souvenirs auxquels on pourrait penser. Je n’ai que trente-et-un an et je n’étais même pas née quand La Crise d’Octobre a eu lieu. Par contre, en raison de nos origines tristement balafrées par l’Histoire, j’ai toujours reçu, à la maison, un enseignement qui nous portait à chercher et à comprendre les sources de la haine, aussi difficile que cela puisse paraître. L’Histoire nous façonne et on ne peut s’en dissocier. Alors, parlons-en, dans ce cas, mais ne cherchons pas à la rendre plus belle, plus laide ou à l’excuser. Comme le dit si bien André Pratte, parfois il vaut mieux « montrer cette violence dans toute sa brutalité, dans toute sa froideur ». La mort de Pierre Laporte, assassiné à l’âge de 49 neuf par une cellule du FLQ, le 17 octobre 1970, suscite un profond malaise, ce dernier étant nécessaire, car il nous force à réfléchir sur les conséquences d’avoir posé de tels gestes. Quel message voulons-nous que nos jeunes retiennent ? Maintenant que l’on se trouve dans une impasse à savoir quelle image donner aux événements d’Octobre 1970, quel manifeste lire au Moulin à paroles, le vrai, le plus beau, le plus cru, le moins choquant … cela fait en sorte que l’on perd l’essence même à l’origine de ce projet qui se veut, si je ne me trompe pas, rassembleur. En apprenant de quelle façon mon grand-père, né à la même époque que Pierre Laporte, avait été assassiné dans un camp de concentration nazi en février 1945, malgré le sentiment d’injustice, d’incompréhension, de dégoût, j’ai décidé d’enseigner cette période de notre Histoire à mes étudiants pour que l’on n’oublie jamais d’où proviennent les sources de la haine. Je veux croire au fait que nous, parents, professeurs, journalistes, et bien d’autres, avons entre nos mains la possibilité d’expliquer aux plus jeunes, notre relève, les fondements à l’origine de notre société d’aujourd’hui pour pouvoir leur inculquer une conscience « historique ». Aldous Huxley disait d’ailleurs que « le fait que les hommes tirent peu de profit des leçons de l'Histoire est la leçon la plus importante que l'Histoire nous enseigne. ».
mercredi 2 septembre 2009
Le parfait bonheur
dimanche 30 août 2009
Un câlin pour la rentrée
Monsieur le professeur,
Dans trois jours, vous accueillerez dans votre classe vos nouveaux élèves parmi lesquels se trouvera mon enfant.
À première vue, il vous semblera presque comme les autres, à part, peut-être, sa démarche qui renvoie plutôt à celle d’un automate. Son regard fuira probablement le vôtre, mais vous penserez qu’il est simplement timide. Dans votre classe, il paraîtra gauche avec son crayon et vous aurez l’impression qu’il ne comprend pas tout ce que vous direz, ce qui fera en sorte que vous serez tenté de répéter à maintes reprises certaines explications. Les présentations orales rendront sa vie cauchemardesque, l’empêchant même de dormir plusieurs jours avant la date fatidique, mais ça, vous ne le savez pas encore, car c’est le premier jour de la rentrée. Perfectionniste à l’extrême, il analysera sous tous les angles votre classe et vos expressions faciales, votre façon de parler, de gérer votre classe et fera tout pour vous plaire. Il sait qu’il ne s’autorisera jamais à faire des erreurs. Son côté rigide vous émouvra, car cet enfant si anxieux vit sur la corde raide 24 heures sur 24 et doit dépenser beaucoup d’énergie, ne serait-ce que pour rester dans une classe où il y a plusieurs autres personnes, du bruit, des odeurs auxquelles il n’est pas habitué, des textures qu’il ne voudra pas toucher. Jamais il ne désobéira aux règlements, car son code de loi personnel le lui a bien indiqué. Ses cahiers seront peut-être brouillons, mais il se sera appliqué à écrire le mieux possible, malgré ses faiblesses musculaires qui font que le simple fait de tenir un crayon pendant une longue période est un exploit pour lui. Monsieur le professeur, j’oubliais une dernière chose. Si mon enfant autiste venait à vous faire un gros câlin, ne vous en faites pas … L’amour ne blesse personne et nous ramène à des valeurs si naturelles ! Je pense vous avoir dit l’essentiel. Bonne rentrée et surtout, merci d’aimer mon enfant différent, mais ô combien attachant … C’est lui, le meilleur professeur que j’aie jamais eu.