dimanche 30 août 2009

Un câlin pour la rentrée







Monsieur le professeur,



Dans trois jours, vous accueillerez dans votre classe vos nouveaux élèves parmi lesquels se trouvera mon enfant.


À première vue, il vous semblera presque comme les autres, à part, peut-être, sa démarche qui renvoie plutôt à celle d’un automate. Son regard fuira probablement le vôtre, mais vous penserez qu’il est simplement timide. Dans votre classe, il paraîtra gauche avec son crayon et vous aurez l’impression qu’il ne comprend pas tout ce que vous direz, ce qui fera en sorte que vous serez tenté de répéter à maintes reprises certaines explications. Les présentations orales rendront sa vie cauchemardesque, l’empêchant même de dormir plusieurs jours avant la date fatidique, mais ça, vous ne le savez pas encore, car c’est le premier jour de la rentrée. Perfectionniste à l’extrême, il analysera sous tous les angles votre classe et vos expressions faciales, votre façon de parler, de gérer votre classe et fera tout pour vous plaire. Il sait qu’il ne s’autorisera jamais à faire des erreurs. Son côté rigide vous émouvra, car cet enfant si anxieux vit sur la corde raide 24 heures sur 24 et doit dépenser beaucoup d’énergie, ne serait-ce que pour rester dans une classe où il y a plusieurs autres personnes, du bruit, des odeurs auxquelles il n’est pas habitué, des textures qu’il ne voudra pas toucher. Jamais il ne désobéira aux règlements, car son code de loi personnel le lui a bien indiqué. Ses cahiers seront peut-être brouillons, mais il se sera appliqué à écrire le mieux possible, malgré ses faiblesses musculaires qui font que le simple fait de tenir un crayon pendant une longue période est un exploit pour lui. Monsieur le professeur, j’oubliais une dernière chose. Si mon enfant autiste venait à vous faire un gros câlin, ne vous en faites pas … L’amour ne blesse personne et nous ramène à des valeurs si naturelles ! Je pense vous avoir dit l’essentiel. Bonne rentrée et surtout, merci d’aimer mon enfant différent, mais ô combien attachant … C’est lui, le meilleur professeur que j’aie jamais eu.