mercredi 4 novembre 2009

À quand mon tour ?

Depuis le début de la campagne de vaccination, je me sens comme faisant partie d’un troupeau de bétail que l’on envoie à l’abattoir. Ayant trois enfants âgés respectivement de 4 ans, 5 ans ½ et sept ans dont une enfant autiste, travaillant à temps plein comme professeure de français au collégial, je contemple la situation actuelle dans la résignation la plus totale. Non seulement, en tant que professeure côtoyant de nombreux étudiants déjà atteints par la A(H1N1), mais en tant que mère de famille, je me sens impuissante et dans l’impossibilité de trouver une issue réaliste pouvant protéger mes brebis. D’ailleurs, puisque l’on parle d’attroupement, de brebis et de bétail errant, si le vaccin n’est efficace que dix jours après son administration et qu’il faille donner deux doses aux enfants de moins de neuf ans pour que l’immunité soit complète, cela veut donc dire que je devrai me présenter 6 fois, sinon plus, dans le fameux centre de vaccination auquel nous avons été affectés ? Mais, dites-moi, surtout, ce qu’il adviendra de mes enfants si je deviens malade, de même que mon mari parce que nous ne faisons pas partie des personnes prioritaires ? Qui prendra soin d’eux ? Pourquoi ne pas faire vacciner les enfants dans leur école respective, de même que les professeurs ? Et les enfants autistes dans tout cela ? Cela fait dix jours que je tente d’obtenir UNE réponse pour savoir de quelle façon nous pourrons vacciner cette enfant dans le respect et la dignité de sa grande fragilité, c’est-à-dire à la maison, loin d’une foule menaçante et des regards interrogateurs qui en disent long sur l’ignorance de notre société en matière d’autisme. Que ferons-nous lorsqu’elle se débattra comme un animal piégé ? Le CSSS n’a aucune solution à nous offrir, « pas de mot d’ordre venant d’en-haut », la travailleuse sociale de notre fille ne sait que me répondre, la représentante de l’Association des parents d’enfants autistes attend toujours la réponse de l’Agence de la santé et des services sociaux, le Centre de Réadaptation n’a pas le mandat de nous aider… Pour combien de temps encore devrons-nous attendre, car ce temps commence justement à presser sérieusement. Puis-je aussi ajouter que la fumée sort de mes oreilles comme un taureau furieux qui a envie de défoncer la barrière de son enclos et qui, en attendant le moment de grâce, se dit : « à quand mon tour » ?

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